Le 25 mars 1918, Claude Debussy mourait à Paris, à 55 ans, quelques mois avant la fin de la Première Guerre mondiale. Compositeur influent, il a annoncé la musique du XXe siècle, signant des œuvres inspirées de la peinture et de la poésie, de Verlaine à Monet.
Au départ admirateur du génie de Richard Wagner, Claude Debussy se révolte rapidement contre l’ornière romantique et la musique allemande. « Quelle était la vague en 1885 à Paris? C’était Wagner, Wagner, Wagner, tous les compositeurs succombaient à cette espèce de tsunami wagnérien », explique Philippe Cassard, pianiste français, cité par l’AFP.
Grand chef-d’oeuvre de Debussy, « Le Prélude à l’après-midi d’un faune » était « la réponse d’un compositeur français à l’invasion sonore allemande », ajoute l’auteur d’un livre sur Debussy paru en février (Actes Sud). « Prélude » a d’ailleurs été décrite par Pierre Boulez comme le début de la musique moderne. « C’est intime, c’est lyrique, avec beaucoup de poésie et de délicatesse », selon Philippe Cassard. Cela tranchait « avec les masses sonores verticales à la Wagner qui viennent de Bach, passent par Beethoven et ensuite par Brahms ».
On compare Debussy non pas à d’autres musiciens mais à d’autres artistes de son époque, notamment les Impressionistes et les Symbolistes. « Prélude » est une interprétation musicale très libre d’un poème de Stéphane Mallarmé, tandis que « Fêtes galantes » et le célébrissime « Clair de Lune » sont à l’origine des poèmes de Paul Verlaine.
La musique de Debussy est surtout très pittoresque. « C’est un peu le Claude Monet de la musique (…) car ses œuvres sont très proches de la nature », comme « La mer », explique à l’AFP Bertrand Dermoncourt, critique et auteur d’ouvrages sur la musique. « Ce sont les mêmes impressions qu’on peut retrouver dans les tableaux de Monet, de petites touches qui créent des ambiances », poursuit celui qui a été nommé conseiller artistique pour le centenaire par le président de la République.
« Je travaille à des choses qui ne seront comprises que par les petits-enfants du 20e siècle », écrivait Debussy à un ami, selon un texte de la Philharmonie de Paris. « Il annonce toute la musique du 20e siècle, tous les compositeurs après se réclament de lui », affirme Bertrand Dermoncourt.
Debussy a également inspiré le monde de la danse : le célèbre danseur Vaslav Nijinski crée le ballet « L’après-midi d’un faune » sur la musique de « Prélude » mais également « Jeux », un ballet spécialement écrit pour les Ballets Russes.
Claude Debussy est né le 22 août 1862 à Saint-Germain-en-Laye, à l’ouest de Paris, au sein d’une famille de petits commerçants. D’après Philippe Cassard, « alors qu’on ne discutait pas culture en famille, on l’a confié à la belle-mère de Verlaine », la pianiste Antoinette Mauté, elle-même élève de Chopin.
Même s’il s’est ensuite embourgeoisé, « c’est un homme qui n’a jamais gagné sa vie » et « a toujours été endetté et vécu au-dessus de ses moyens », dit le pianiste. « La seule œuvre qui lui a rapporté de l’argent c’est son opéra +Péléas et Mélisande+. »
Claude Debussy a épousé un mannequin, Rosalie Texier, puis Emma Bardac. Mais c’est pour Marie-Blanche Vasnier, une femme mariée avec qui il a eu une longue relation, qu’il a composé des dizaines de mélodies.