Joseph Maurice Ravel naît le 7 mars 1875 à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz. Quelques mois après sa naissance, il quitte toutefois le soleil basque lorsque sa famille s’installe à Paris. Avec son petit frère Édouard, il mène une enfance heureuse, entouré de parents cultivés, qui lui transmettent l’amour de la musique. Le jeune Maurice commence ainsi à étudier le piano à 6 ans et prend des cours de composition à 12 ans.
En 1889, il entre au conservatoire de Paris et finit par intégrer la classe de composition de Gabriel Fauré, qui déjà impressionné par les premières compositions de son élève l’introduit au salon de Mme de Saint-Marceaux, où le jeune homme joue pour la première fois ses œuvres devant un public. Il y fait également la connaissance de Colette, écrivaine avec qui il collaborera des années plus tard pour sa fantaisie lyrique L’Enfant et les Sortilèges (1926). À la fin de ses études, il compose Pavane pour une infante défunte (1899) et connaît déjà une popularité croissante, surtout après la sortie de ses Jeux d’eau pour piano (1901) qui lui vaut d’être comparé à Debussy.
Jeune compositeur de talent, Maurice Ravel aura bien du mal à se faire accepter au prix de Rome, qui ne lui concède qu’un Second Grand Prix en 1901 pour sa cantate Myrrha, alors que Camille Saint-Saëns voit pour lui un avenir prometteur. (Ces débuts plutôt difficiles face aux milieux artistiques conservateurs ne l’empêchent toutefois pas de s’attirer de grands honneurs de son vivant. Il devient ainsi membre honoraire de la Royal Philharmonic Society de Londres, docteur en musique honoris causa à l’université d’Oxford, et est nommé Chevalier de l’Ordre de Léopold en Belgique. Maurice Ravel ne répondra cependant jamais à sa promotion au rang de chevalier de la Légion d’honneur en France et sera finalement radié).
Malgré ces succès, Ravel a du mal à faire reconnaître son talent en France en raison des nombreux traditionalistes qui ne jurent que par le classicisme. C’est ainsi qu’en 1910, Maurice Ravel cofonde avec d’autres compositeurs la Société musicale indépendante pour aider à faire connaître de jeunes compositeurs français ainsi que des compositeurs étrangers d’avant-garde comme Béla Bartók. Après avoir composé Valses nobles et sentimentales (1911), Daphnis et Chloé (1912) pour les Ballets russes de Serge Diaghilev, ainsi que Ma mère l’Oye (1912), Maurice Ravel va connaître les épreuves de la guerre. Son physique l’empêchant de rejoindre le front, le compositeur convainc l’armée de l’engager comme conducteur de camion militaire en 1916. Tombé malade, il est toutefois démobilisé un an plus tard et apprend la mort de sa mère, nouvelle qui le plonge dans un profond désespoir. Ayant composé Le Tombeau de Couperin en hommage à ses amis tombés au combat, Maurice Ravel devient beaucoup moins prolifique. C’est néanmoins dans cette deuxième partie de sa vie qu’il va composer ses œuvres les plus célèbres.
S’il était extrêmement discret sur sa vie privée et qu’on ne lui connaît aucune relation sentimentale, Maurice Ravel était un ami sur lequel on pouvait compter. Il entretenait ainsi une longue correspondance avec plusieurs artistes de son temps, dont les compositeurs Roland-Manuel, Maurice Delage ou Igor Stravinsky.
Un style inclassable
En 1921, Maurice Ravel achète la villa le Belvédère à Montfort-l’Amaury, où il vit des jours paisibles entre ses séjours au Pays basque et ses tournées à l’étranger. En 1928, il part ainsi se produire en Amérique du Nord, où il rencontre notamment le jeune George Gershwin qui l’impressionnera fortement. C’est à son retour en France qu’il compose l’œuvre qui le fera entrer à jamais dans l’histoire de la musique : le Boléro. Commandée par Ida Rubinstein, cette œuvre est immédiatement saluée par la critique et devient un succès international après avoir été gravée sur disque et diffusée sur les ondes du monde entier. Viennent ensuite ses deux concertos les plus connus pour piano et orchestre, Concerto pour la main gauche (1929-1930) et Concerto en sol majeur (1929-1930).
Compositeur pointilleux, toujours en quête de perfection, il est aussi considéré comme un grand orchestrateur. Il a apporté une dimension nouvelle aux œuvres d’autres compositeurs, comme Debussy, Schumann, Chopin, mais surtout Modeste Moussorgski, pour qui il a orchestré Tableaux d’une exposition (1922). S’il n’a composé que 86 œuvres originales et une vingtaine d’orchestrations sur une carrière de près de quarante ans, Maurice Ravel aura indéniablement laissé sa marque dans l’histoire de la musique.
Les dernières œuvres de Maurice Ravel :
- Don Quichotte à Dulcinée (1932)
- Morgiane (1932)
Hélas, la santé de Maurice Ravel commence à se dégrader. Après une dernière tournée triomphale avec la pianiste Marguerite Long, le compositeur développe des troubles du langage, de l’écriture et de la motricité, qui l’empêcheront d’ailleurs de composer son opéra Jeanne d’Arc. En 1937, le grand chirurgien Clovis Vincent décide de l’opérer au cerveau, malgré le refus du compositeur. Maurice Ravel tombe malheureusement dans le coma et meurt le 28 décembre 1937. Pleuré par de nombreux autres compositeurs, dont Louis Aubert, Francis Poulenc ou encore Igor Stravinsky, Ravel continue de vivre à travers sa musique grâce à son style mêlant harmonieusement forme classique et style plus moderne, notamment en empruntant à la musique noire américaine, aux sonorités hispaniques et aux influences orientales.