Madeleine Delbrêl fut une femme très engagée dans l’Église. Elle vivra son action apostolique comme laïque et célibataire.
Elle vivra en France et connaîtra les deux grandes guerres du siècle dernier. Elle connaîtra l’arrivée du mouvement des prêtres-ouvriers, ceux qui travaillèrent en usine pour une Église plus près des ouvriers.
Elle assistera aussi à la montée du communisme militant qui combattait pour l’établissement d’une société plus juste envers les pauvres et les ouvriers.
Dans sa jeunesse, elle sera très douée en poésie et elle gagnera même le prix Sully-Prudhomme. Elle fera également des études en philosophie.
Elle fera une rencontre qui sera marquante dans sa vie. Il est intéressant de constater que dans plusieurs grandes histoires de sainteté il y a eu des rencontres qui sont des signes de Dieu en vue d’une plus grande liberté et d’un plus grand amour: elle fera la connaissance du père Lorenzo et du scoutisme de France.
Le mouvement scout était marqué par un désir de servir le prochain dans la charité à la suite de Christ. C’est là que Madeleine apprendra les partages de l’Évangile en vue de comprendre sa vie à la lumière de la Parole de Dieu. Cela marquera toute sa vie et sa recherche de croyante : « Vivre l’Évangile et de l’Évangile ».
« L’Évangile n’est seulement le livre du Seigneur vivant, mais bien le livre du Seigneur à vivre ».
Avec deux compagnes, elle ouvrira une maison qu’elle appellera « La Charité ».
Voici son projet : « On vivrait l’Évangile au milieu des gens, on gagnerait sa vie dans sa profession, on serait à la disposition de tous comme de simples voisines ».
Madeleine dira que l’Évangile est une invitation à la joie, une communion à un amour et une transfiguration du quotidien. Elle dira toujours que pour nous, gens actifs et aux prises avec la vie moderne, c’est au cœur de celle-ci que nous devons apprendre à vivre l’Évangile et à prier.
Nous autres, gens de la rue, croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis, est pour nous le lieu de sainteté. Nous croyons que rien de nécessaire ne nous y manque, car si ce nécessaire nous manquait, Dieu nous l’aurait déjà donné. Tiré de Nous autres, gens des rues, Seuil.
Madeleine vivra sa vie de foi au cœur de son action de travailleuse sociale.
La Prière du matin de Madeleine Delbrêl :
« Un jour de plus commence, Jésus en moi veut le vivre. Il ne s’est pas enfermé, Il a marché
parmi les hommes. Avec moi il est parmi les hommes d’aujourd’hui.
Il va rencontrer chacun de ceux qui entreront dans la maison, chacun de ceux que je croiserai
dans la rue, d’autres riches que ceux de son temps, d’autres pauvres, d’autres savants et
d’autres ignorants, d’autres petits et d’autres vieillards, d’autres saints et d’autres pécheurs,
d’autres valides et d’autres infirmes.
Tous seront ceux qu’il est venu chercher. Chacun, celui qu’il est venu sauver. A ceux qui me
parleront, il aura quelque chose à répondre ; A ceux qui manqueront, il aura quelque chose à
donner. Chacun existera pour lui comme s’il était seul. Dans le bruit il aura son silence à vivre.
Dans le tumulte, sa paix à mouvoir.
Jésus en tout n’a pas cessé d’être le Fils. En moi il veut rester lié au Père. Doucement lié, dans
chaque seconde, balancé sur chaque seconde comme un liège sur l’eau. Doux comme un
agneau devant chaque volonté de son Père.
Tout sera permis dans le jour qui va venir, tout sera permis et demandera que je dise « oui ».
Le monde où il me laisse pour y être avec moi ne peut m’empêcher d’être avec Dieu ; comme
un enfant porté sur les bras de sa mère n’est pas moins avec elle parce qu’elle marche dans
la foule.
Jésus, partout, n’a cessé d’être envoyé. Nous ne pouvons pas faire que nous ne soyons, à
chaque instant, les envoyés de Dieu au monde. Jésus en nous ne cesse pas d’être envoyé, au
long de ce jour qui commence, à toute l’humanité, de notre temps, de tous les temps, de ma
ville et du monde entier.
A travers les proches frères qu’il nous fera servir, aimer, sauver, des vagues de sa charité
partiront jusqu’au bout du monde, iront jusqu’à la fin des temps. Béni soit ce nouveau jour,
qui est Noël pour la terre, puisqu’en moi Jésus veut le vivre encore. Ainsi soit-il. »
Madeleine Delbrêl (1904-1964)
Au sein du Sacré Coeur d’Ablon-sur-Seine, le bureau de la vie scolaire, (ancien bureau de la pastorale) porte son nom.